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Édition Semaine n° 13 / Mars 2024

Lexnews était... et a entendu pour vous...

INFOS EXPRESS Concert Matthieu Delage - Mercredi 20 mars 24, Le Zèbre de Belleville.
 


Tout musicien qui se respecte le sait, il n’y a rien de superflu chez Bach. La générosité permanente qui traverse son œuvre est à la hauteur de l’exigence qui lui est due. Celle d’abord de ne pas la trahir, celle ensuite de la révéler, celle enfin de la servir. Ce triptyque immuable est incontournable et ne souffre d’aucune digression ni faiblesse.
C’est donc un pari magnifique et osé que le saxophoniste émérite Matthieu Delage a su relever dans le cadre de ce concert présentant son nouvel album « Bach ». Car qui sinon lui aurait pu imaginer et accomplir pour son instrument avec autant de brio ces transcriptions, notamment de la Suite n°4 pour violoncelle ou ces extraits audacieux du Clavier Bien tempéré et Variations Goldberg, en pleine complicité avec l’altiste Violaine Despeyroux, le percussionniste Baptiste Dolt et le guitariste Benjamin Garson. Car, n’en déplaise aux puristes, le souffle immuable du génie de Bach était là, entier, la fluidité mélodique et le contrepoint s’exprimant avec merveille dans ce saxophone régalien par sa capacité à sublimer sans infidélité, tout comme par la finesse du jeu percussif de Dolt, la pureté de la guitare électrique de Garson, la chaleur de l’alto de Despeyroux.
En solo, duo, trio ou quatuor, chaque transcription, chaque lecture, chaque interprétation sont savamment dosées, précises, maîtrisées et enfin loyales au génie du Kapelmeister de Weimar. L’enchantement opère de bout en bout dans la féerie de cet univers instrumental singulier prouvant ainsi une réalité : n’importe quel instrument, n’importe quel timbre, peut s’adapter à Bach. Et ici, Delage, tout comme ses trois acolytes, en musicien exceptionnel, le démontre avec son instrument. Qui aurait rêvé de goûter Bach au saxophone peut maintenant être sûr que son souhait est exprimé et c’est un pur délice à ce niveau d’accomplissement et d’inspiration. L’album au cœur de ce concert est à retrouver sur le label « Chapeau l’Artiste », un album dont on peut saluer ici la performance totalement aboutie et réussie.


Jean-Paul Bottemanne

  Concert « La Traviata » Opera A Palazzo, Fondation Simone et Cino Del Duca.

Le concept à l’initiative de Musica A Palazzo né en 2005 à Venise tient en deux mots : l’opéra de salon. L’expérience proposée au spectateur est de s’immerger au sein même de l’œuvre et en donnant, pour cela, le drame lyrique dans des salles de réception de demeures fastueuses mettant en rapport direct le spectateur avec les artistes, musiciens et chanteurs, effaçant ainsi la barrière de la scène. L’auditoire, en nombre restreint et intime, participe dès lors pleinement, parfois même de manière interactive, au spectacle. Mais, tout aussi important, l’œuvre elle-même est condensée autour des scènes et airs les plus importants, permettant ainsi une dynamique alerte. Ce concept, repris et proposé à Paris depuis trois ans par Opera A Palazzo a donc de quoi séduire dans sa redéfinition des conditions de représentation de la temporalité théâtrale et lyrique par opposition aux représentations proposées dans les grandes salles traditionnelles.

« La Traviata », présentée en ce soir du 15 mars 2024 à la fondation Simone et Cino Del Duca, s’articulait autour des trois personnages principaux avec Émilie Rose Bry dans le rôle de Violetta, Christophe Poncet de Solages incarnant Alfredo Germont complété de Benoit Gadel pour le rôle de Giorgio Germont, les trois chanteurs accompagnés par Philip Richardson au piano, Estelle Diep au violon et Carlotta Persico au violoncelle. La puissance de cette transposition musicale par Verdi de la Dame aux Camélias est poignante et tient notamment dans ce magnifique Libiam nei lieti Calici de l’acte I, ouvrant le bal de la comédie humaine qui ne peut qu’aller vers le drame, air virevoltant, puissant et entraînant, dont Bry et Solages ont délivré une interprétation plus que convaincante ; deux voix parfaitement adaptées, deux jeux théâtraux à la hauteur du rôle. D’emblée, chacun est comme le témoin direct de cet amour naissant entre ces deux personnages, dans le jeu de la séduction, du coup de foudre et de la passion. Dès lors, la magie opère, car il n’en faut pas finalement plus pour que cet amour vécu, puis contrarié à l’acte II par l’apparition du père, avant le dénouement funeste de l’acte III, imprègne le lieu, l’instant, sans jamais s’effacer. Le plus magique, dans ce déroulement, étant certainement le fait que le spectateur soit et reste avec les personnages. Tout dire sur le déroulé et la mise en scène serait inapproprié, car il n’y aurait de magie sans secret…
En résumé, voilà une expérience pleine de charmes notamment celui de pouvoir goûter à l’expression lyrique de haut vol de si près avec des artistes maîtres de leur art et technique.


Jean-Paul Bottemanne

Prochaine représentation le 29 mars 2024

  Concert The Gesualdo Six 14 mars 2024 Oratoire du Louvre
 

Depuis sa création en 2014, « The Gesualdo Six », ensemble vocal britannique d’exception, a su s’imposer comme une référence incontournable dans le domaine de la polyphonie lyrique. Celui, bien entendu, de la Renaissance et de son répertoire exigeant au cœur du programme en miroir de ce concert, mais également ouvert à des œuvres contemporaines telles que les deux pièces « Watch For Me » de leur compatriote Judith Bingham, en 2016 et le motet « It Is Finished » composé en 2020 par Owain Park, directeur et basse de The Gesualdo Six, venant ici judicieusement compléter le récital.
L’événement, en résonance au temps liturgique de Pâques et de la Semaine Sainte, s’articulait autour de l’expression de la Foi chrétienne et le cadre choisi, le Temple de l’Oratoire du Louvre, n’en est que plus précieux et parfait pour en rendre la quintessence. Ainsi, cette entame avec la première partie des Lamentations of Jeremiah de Tallis dans la force unifiée du plain-chant se transfigurant en polyphonie scintillante de générosité, poursuivie par l’organique Watch For Me de Bingham, contribuèrent pleinement à l’invite d’un temps spirituel et enluminèrent les deux Tenebrae Responsories, ceux de Gesualdo et de Luis de Victoria et le Miserere Mei central de Byrd, trois pièces intenses toutes en profondeur et vigueur, d’où chaque voix, chaque phrase ressortent cristallines et limpides. Trois œuvres à l’équilibre parfait dans l’architecture caractéristique de cet âge d’or de la polyphonie vocale a cappella de la Renaissance, par la fluidité mélodique et harmonique non encore contraintes par la tonalité. Trois œuvres inspirées et inspirantes. « It is finished » de Park, petit bijou d’écriture vocale poursuivit et prolongea le concert avec le même brio, élégance et finesse, avant la conclusion toute en grâce de la seconde partie des Lamentations de Tallis.
Le régal rare et la beauté de ce programme sont enfin à souligner par l’alchimie de l’exceptionnel talent des membres de The Gesualdo Six, leur cohésion, leur souplesse, leur équilibre et capacité perpétuelle à rendre intelligible chaque pupitre. Les contre-ténors, Guy James et Alasdair Austin, furent admirables de pureté, les ténors Joseph Wicks et Josh Cooter remarquables de douceur affirmée. Michael Craddock, baryton, exceptionnel par son ancrage gracile et suave, et enfin Owain Park, basse, s’imposa avec splendeur par son attention, son élégance délicate et sa direction sobre et habile. Sept timbres vocaux chatoyants et sémillants, chauds et voluptueux, sept âmes unies dans l’instant, sept virtuoses remarquables, à l’apogée et service de leur art … Bravo !


Jean-Paul Bottemanne


N. B. La captation du concert est à retrouver présentée par Clément Rochefort le 28 mai sur France Musique

  Jeanne Leleu 22 janvier 2024 BNF Richelieu, Salle Ovale
 


La musique de Jeanne Leleu, talentueuse et inspirée compositrice française du 20e siècle, a subi après son décès en 1979 le même sort d’oubli et d’ignorance que celle de la quasi-totalité de ses alter ego féminins en disparaissant des programmes de concert ; et pourtant, voilà une artiste d’envergure encensée à son époque et qui eut le privilège d’une reconnaissance notoire et justement méritée en tant qu’interprète et compositrice. Jeune fille, Jeanne Leleu donna à onze ans la première de Ma Mère l’Oye de Ravel et remporta le Prix de Rome en 1923, avant de poursuivre tout au long de sa vie une carrière aux plus hauts sommets. Aujourd’hui, il était le temps de faire revivre quelques-uns de ses chefs-d’œuvre exhumés des archives de la BNF à force de patience et de passion par Héloise Luzatti, honorée et élevée pour cet accomplissement au rang de Chevalière des Arts et Des Lettres au terme de la soirée.
Entourée de ses compagnons d’armes de l’Ensemble La Fronde, Alexandre Pascal, Léo Hennino et Célia Oneto Bensaid, ainsi que la soprano Marie-Laure Garnier, Luzzati nous a fait ainsi découvrir plusieurs pépites. Car la puissance de l’œuvre de Leleu est irradiante. Son écriture pianistique, instrumentale, mélodique, se dore d’éclats vivaces, court avec élégance. Sa brillance efface la complexité dans une esthétique moderne où le chromatisme est harmonie. Et clairement, les quatre instrumentistes, Oneto Bensaid, pianiste émérite au toucher divin et cristallin en tête et présente à tous les numéros, ont relevé avec brio et perfection l’audace musicale supérieure.
Entrée en matière par deux extraits de Ma Mère l’Oye rendus avec grâce et émotion dans ce duo Luzatti-Oneto, juste prélude à la délicatesse des Six Sonnets de Michel-Ange, d’un jeu subtil émanant du dialogue entre la prosodie sublimée par la vocalité profonde de Garnier et le clair/obscur du piano venant s'imbriquer, souligner et élever sans que jamais le fil mélodique ne se brise ni ne s'égare. Tout dans l'interprétation est amené avec naturel et passion, perfection et onirisme. Et que dire enfin du Quatuor final, endiablé, polymorphe, traversé de bout en bout de traits de génie à tous les pupitres par l'Ensemble La Fronde. Le violon puissant de Pascal, l'alto effronté de Hennino, le violoncelle galant de Luzzati, le clavier effervescent d'Oneto se parent de mille feux au gré des trois mouvements. Le charme opère, les thèmes et motifs s'envolent avec évidence, l'équilibre des timbres est un régal d’arc-en-ciel duquel chaque couleur miroite avec netteté. Chaque trait, chaque coup d'archet, chaque appui sont précis, dosés, appropriés. La lecture soignée n'en souligne que davantage la beauté intrinsèque de l'œuvre. Plus que séduisant, c'est ici un vrai bijou d'interprétation, avec des musiciens, tous brillants dans leur domaine, non seulement de par leur maîtrise technique, mais aussi et surtout de par leur virtuosité expressive.
Un programme qui, dans sa totalité, justifie l'urgence et la nécessité absolue non seulement de ce concert, mais aussi de l'album monographique prévu ce mois, consacré à Jeanne Leleu par le label La Boite à Pépite, enregistré par Luzatti et ses compagnons. (voir la chronique du cd). Merci et bravo.


Jean-Paul Bottemanne

  Concert salle Gaveau 8 novembre Olivier Cavé et les Ambassadeurs -La grande Ecurie, Alexis Kossenko
 

Haydn et Mozart, deux maîtres du classicisme, furent au cœur du programme interprété avec brio par Olivier Cavé, pianiste au jeu d'une grande finesse et l'ensemble Les Ambassadeurs - La Grande Ecurie dirigé avec finesse par Alexis Kossenko. Mariage musical heureux de ce soliste rare avec ces deux formations unies depuis 2020, tous s'imposant d'emblée avec le Concerto Hob. XVIII en Ré Majeur d'où se dégagent la grâce enlevée à souhait du Vivace, l'émotion « sur le fil » de l'Adagio parfaitement rendue par Olivier Cavé et le superbe Rondo alerte, drolatique et enjoué. Magnifique choix en introduction pour la place laissée ensuite à Mozart et sa Symphonie n.25 traversée par des thèmes forts, lisibles, jouant sur la force des tuttis. Mozart toujours avec l'Andante pour flute et Orchestre KV315, offrant à Kossenko la possibilité de poser un instant sa baguette de chef pour se saisir de sa flute en soliste, prouvant encore une fois non seulement son talent de musicien, mais combien Mozart fut capable de sublimer cet instrument. Mozart, enfin et toujours, en final avec le concerto pour Piano n.9. L'œuvre plus que séduisante, est totalement relevée par Cavé, tout à son affaire, dont l'aisance affirmée au clavier est capable de transfigurer, porter l'émotion intrinsèque de chaque œuvre qu'il aborde et vit.
Un beau moment, une invite réussie à se régaler de ces quelques pages mémorables.


Jean-Paul Bottemanne

  Concert BNF Hedwige Chretien lundi 30 octobre 2023.
 

@Fabrice Gaboriau/BNF


Écrin fastueux de la Salle Ovale, mariage symbolique plus qu’opportun de la poésie et de la musique pour accueillir le concert d'ouverture de la 3e saison musicale « Révélations » de la BNF et Radio France rendant hommage aux compositrices d'hier et d'aujourd'hui et dont les œuvres sont trop souvent absentes des programmations de concert.
La première mise à l'honneur avec cinq de ses mélodies et son Trio en ut mineur fut Hedwige Chrétien, musicienne accomplie, prolifique et régulièrement louée à son époque pour la qualité supérieure de ses compositions, choix relevé et complété de « Soir », œuvre instrumentale de sa contemporaine Mel Bonis, autre grande artiste du début du XXe siècle et la mélodie « Beau Soir » de Claude Debussy. Aux commandes, quatre interprètes plus que talentueux : La mezzo-soprano Adèle Charvet au timbre unique, chaleureux et profond, le magistral violoniste Renaud Capuçon qui n'est plus à présenter, Xavier Phillips, superbe au violoncelle, et Guillaume Bellon, remarquable au piano. Tous dans l’alchimie d'une musicalité profonde et maîtrisée, quatre complices accomplis dans la temporalité d’un programme inspirant, donnant la part belle à la mélodie française, celle de Chrétien qui n'a rien à envier à celle de ses contemporaines, Jaëll, Boulanger, Bonis et de ses contemporains, Fauré, Debussy et Poulenc pour ne citer qu’eux.
Ainsi, « Pour Ceux qui Aiment » et « Rêveries d’Aïeules » à la prosodie soulignée et au lyrisme évident, « La Prière » et « Fanatisme » intenses et dramatiques dans l’expression de la passion dévoilent un style sans heurts, élégant, duquel émergent une approche mélodique somptueuse et un sens maitrisé du dialogue permanent du contrechant des cordes. Richesse éloquente naturelle et supérieure rendue d’autant plus vivace par la mise en parallèle de la mélodie de Debussy, petite perle vocale.
Soutenue par ses comparses attentifs, Adèle Charvet brille, sa voix s’élance avec équilibre et sureté dans tous les registres, se jouant avec aisance et fluidité des mélismes et des appuis. Un ensemble de mélodies encadrées par deux trois instrumentaux. « Soir » de Bonis en ouverture à la voluptuosité postromantique sous-jacente et pleine de douceur. En final, le Trio en Ut mineur de Chrétien montant en puissance au fur et à mesure des quatre mouvements qui le composent : affirmé dans le premier, superbe de dialogue dans le deuxième, virtuose et alerte dans le troisième et un quatrième durant lequel violon violoncelle et piano s’échappent les uns des autres. Un vrai chef-d’œuvre, superbement emmené par Capuçon, Phillips et Bessom et pleinement en osmose. Un premier hommage réussi pour une saison prometteuse.
 


Jean-Paul Bottemanne

  Concert Invalides 12 octobre 2023
 


Le concert d'ouverture de la 30e saison musicale du Musée des Invalides, venant clore l'inauguration officielle de la Salle Royale par madame Rima Abdul-Malalk, ministre de la Culture, et madame Valérie Pécresse, Présidente de la région d'Ile de France, évènement rendu possible grâce au soutien du CIC, partenaire privilégié depuis vingt ans, a donné la primeur à quelques-unes des grandes pages du répertoire symphonique empruntées par le 7e art. Propositions d’œuvres évidentes en raison, d'abord, de leurs qualités supérieures et leur puissance évocatrice, mais également de la beauté et le souffle qui les habitent. Autant d'arguments, entre autres, qui les ont rendues incontournables aux cinéastes qui s'en sont emparé, les rendant indissociables des films dans lesquels ils apparaissent.
C’est donc un programme des plus séduisants et heureux qui fut proposé avec ardeur et félicité par la baguette émérite d’Alena Hron à la direction du Janáček Philharmonic Orchestra, ensemble soigné et investi. Alena Hron est une jeune chef tchèque de stature internationale plus que talentueuse, à même d'imprimer sa vision et d'offrir une lecture de haut vol à des œuvres déjà tant jouées auparavant, sans se compromettre dans la facilité.
Comme en ouverture, le prélude de Zarathustra choisi par Kubrick, naissance et émergence, tout en puissance contenue, ou encore l'adagio de Barber dont la conduite tranchante, nette et limpide de Hron fait surgir chaque ligne, chaque entrée jusqu'à l'apothéose au-dessus du pathos, dans une lumière rarement atteinte. Sa précision des nuances est tout autant sublime dans l'Allegretto de la 7e de Beethoven. Ou encore sa vision énonciatrice d'espoir et d'élan enlevé du Largo de la 9e de Dvorak. A chaque instant, le ton est juste et l'intransigeance du drame inexorable et poignant de l'Adagietto de la 5e de Mahler, du prélude du Tristan de Wagner ou du Lac des Cygnes de Tchaïkovski contrebalançant avec la vivacité joyeuse de la Marche Nuptiale de Mendelssohn, du Beau Danube Bleu de Strauss ou des Variations Enigma d'Elgar.
Aléna Hron réussit ici une magnifique entrée en matière d'une saison qui s'annonce passionnante. On ne peut qu’espérer la revoir au plus vite sur une scène française.


Jean-Paul Bottemanne

  Concert Pierre Hantaï Salle Cortot 4 octobre 2023
 

Par ce concert totalement dédié à Bach, Pierre Hantaï a une nouvelle fois rendu un hommage vibrant et délicieux non seulement à des pages incontournables du baroque, mais aussi à un instrument, le clavecin et son timbre à la fois sombre et éclatant. L'entrée en matière, séries de préludes, pièces au caractère divers et transcription de mouvements fut une mise en bouche délicieuse, offerte avec humilité et virtuosité ascendante par notre maestro. Tour à tour, les lignes ondulent, l'harmonie voyage, le mouvement est constant dans un jeu à la fois frénétique et serein, d'une fausse facilité. Logique préliminaire à la suite du programme. Car le cycle des Variations Goldberg, diptyque à la limite de la perfection, n'a cessé de fasciner depuis sa composition. Tout l'art et le génie de Johann-Sebastian Bach se retrouvent sublimés et condensés, de l'architecture savamment organisée et parfaitement équilibrée à l'extrême et fastueuse richesse d'une écriture virtuose pour un instrument dont le Kantor de Leipzig fut un maître incontesté. Détailler toutes les variations serait, ici, fastidieux, mais il n'est pas inutile de rappeler que chacune est un bijou ne brillant cependant que sous les doigts des plus grands. Et définitivement, Pierre Hantaï a su en saisir depuis fort longtemps toute la lumière, et en délivrer la quintessence dans un tourbillon aussi fougueux que raffiné, élégant et passionné, ne laissant aucune place à la médiocrité. A l’instar de ce concert. Ici, tout respire, même l'obsédante fioriture baroque s'efface dans le frémissement supravital de son jeu. Hantaï est tout simplement magistral, fait corps avec ses claviers, nous montre le chemin par son intelligence musicale et sous ses doigts, son clavecin délicat et fluide révèle l'évidence de la puissance des Variations. Le vrai régal d'une représentation immaculée et sincère pour un chef d'œuvre incontournable dans un temps d'ivresse. Pierre Hantaï est un interprète prodigieux, sublime et son lien indissociable avec Bach est un juste et pur bonheur.
 

Jean-Paul Bottemanne

  Concert Stradivaria Invalides 13 avril 2023.
 

©studio-garnier

En ouverture du cycle « L'Homme et le Sacré » proposé par le Musée de L'Armée, l'évidence d'une programmation baroque dédiée à la mise en parallèle de l'austérité pleine de grâce des deux grands maitres luthériens que furent Schutz et Bach avec l'exubérance extatique d'un Pergolesi catholique est un choix judicieux. Quoi de plus saisissant en effet que ce dialogue à distance entre les Symphoniae Sacrae de « L'Orphée de Dresde », la Cantate BWV200 du Cantor de Leipzig et le Stabat Mater du jeune Italien, mort à seulement 26 ans.
Voilà le défi relevé avec talent par le prestigieux Orchestre Baroque de Nantes Stradivaria de Nantes fondé et dirigé par Daniel Cuiller, ensemble oeuvrant depuis 1987 à promouvoir et soutenir en parallèle le répertoire baroque et de jeunes artistes au travers de nombreuses manifestations et dispositifs à destination de tous les publics. Et, assurément, l'invitation de partager ce programme avec la soprano Maïlys de Villoutreys et du contre-ténor Paul Figuier, deux voix déjà confirmées et reconnues en est un exemple probant. Deux chanteurs ayant suivi en partie le même parcours, tant dans la classe d'Alain Buet au CNSM de Paris qu’au sein des ensembles Caravansérail et Amallirys, la scène de l'opéra d'Avignon, deux signatures lyriques se retrouvant ici une nouvelle fois en complicité pour trois prestations toutes plus captivantes les unes que les autres. Car la fluidité, la clarté et l'élégance de Villoutreys sont un délice dans sa lecture de Schutz, celle de Figuier est pleine de grâce dans le fil fragile d'une foi embrassée avec humilité tout comme sa puissance affirmée qu'il dégage chez Bach. Pour Pergolesi, leurs lignes, leurs voix sont de vrais joyaux purs en symbiose dont l'ouverture poignante et envoutante avec ses glissements et retards est un petit bijou d'écriture vocale qui n'est pas sans rappeler Corelli. Finalement, chaque mouvement imaginé par Pergolesi met en lumière un lyrisme appuyé mais non prétentieux dans sa virtuosité. Et, définitivement, tant les timbres que la haute maitrise technique de Figuier et de Villoutreys se prêtent à perfection à ces trois pièces, sont un vrai délice, sont faites pour elles. Voix sublimées et portées par Stradivaria et son conduit instrumental mesuré, dans sa lecture intelligente, sans affects superflus.
Villoutreys et Figuier, deux voix, qui, avec brio, auront survolé tout du long, Stradivaria et Daniel Cuiller, qui avec sincérité auront parachevé l'écrin de cet épanouissement.


Jean-Paul Bottemanne

  Eduardo Eguez Chimera Salle Cortot 4 avril 2023
 

Eduardo Eguez et la Chimera, voilà une formation atypique et incontournable, passée maître dans l'art de l'expression musicale et se distinguant depuis vingt ans par sa capacité extraordinaire à tisser les liens entre mondes ancien et moderne.
Portant haut les couleurs de la culture latino-américaine, c'est avec cet hommage vibrant à la figure emblématique que fut, est et sera encore longtemps Mercedes Sosa, que cet ensemble complice revisite en ce soir de concert le répertoire poignant de quinze artistes sud-américains de renom du 20e siècle avec des arrangements luxuriants d’Eduardo Eguez et Juan José Francione.
Pages musicales révélant et sublimant toutes les richesses mélodiques et harmoniques contenues en elles. L'orchestration savamment augmentée d'instruments traditionnels, percussions et flutes indiennes, donne la prédominance aux cordes pincées et frottées, guitares, contrebasse, violon mais aussi viole de gambe pour un contrepoint d'une polyphonie intense d’où la soprano Barbara Kusa et le ténor/flutiste Luis Rigou s'émancipent dans un florilège d'émotions lyriques à l'état pur. Tout, dans l'expression, la technique, est juste un ravissement continu. Dissonances fugaces toujours heureuses, glissées et distillées avec à propos dans une harmonie relevée et transcendante, palette relevée des jeux de timbres : chaque œuvre s'ouvre sur un univers plein de contrastes, tel le rêve animé du « Sueńero » de Jorge Fandermole, la pétulance festive de « La Sachapera » de Cuti Carbajal ou encore le cri déchirant de « Qué he Sacado con Quererte » de Violetta Parra porté par Luis Rigou ; mais aussi, le fil tendu par Kusa dans « Como Pàjaros en el Aire » de Peteco Parbajal, le jeu de séduction dans « Munahuanqui » de Jorge Milchberg, la douleur du « El Alazan » de Yupanqui, ou enfin l'authenticité à fleur de peau de « Yo vengo a ofrecer mi corazon » de Pito Paez, sans oublier la ferveur incandescente de « Solo le pido a Dios » de Leon Gieco, pour ne citer que ces pièces, sans omettre la contribution d'Eguez en compositeur éminent pour deux pièces superbes, le tout pour un voyage enrobé de douceur, mélancolie, joie et profondeur.
Eguez en chef charismatique et guitariste magistral est un vrai magicien. La Chimera, en entier est magicienne, Margherita Pupulin et son violon survolté, Carolina Eguez et sa viole de gambe lyrique et délicate, Sebastian de Urquiza stupéfiant à la contrebasse, Juan José Francione et ses guitares, charango et ronroco chaleureux. Mais aussi Luis Rigou, jonglant entre flûtiste habité, ténor empreint de vitalité et de sincérité dans les accents de sa voix et danseur endiablé, et enfin Barbara Kusa à la voix pure, cristalline, élégante, juste sublime de par son lyrisme éclairé. Chacun, chacune, devenant enfin pour un instant percussionniste. Et de cette profusion musicale à la prosodie sidérale émerge d'abord et avant tout une poésie, celle du partage, celle de l'humanité, celle de l'amour inconditionnel. Un temps fort d'un art magnifié au firmament.

Jean-Paul Bottemanne

  Jordi SAVALL Gaveau 16 mars 2023
 

La réunion et l'union des quatre musiciens d'exception que sont le gambiste Jordi Savall, le claveciniste Pierre Hantaï, le guitariste et théorbiste Xavier Diaz-Latorre et le percussionniste Pedro Estevan est par évidence la promesse d'un temps suspendu, d'une entrée dans un univers parallèle où la beauté et l'harmonie chorale règnent en absolu. Savall, sans conteste, est un virtuose fascinant dont la réputation de sa maestria ne cesse d'enchanter et de surprendre encore et toujours, et dont le jeu pétulant se dispute à l'élégance de la grâce. Et sans faute, ce musicien rare, transcendant et exquis, tout comme Hantaï, Diaz-Latorre et Estevan, a honoré son public d'une prestation immaculée.
Programme de choix axé principalement autour de la viole de gambe, flamboyant voyage dans les grandes heures musicales de l'Europe de Ortiz, Sanz, Arauxo, Louis Couperin, Valente, Marin Marais sans oublier la féconde vie musicale baroque de la Cour Anglaise de la même période. Baroque durant lequel l'art de la variation sur des thèmes intemporels comme celui de la Folia, tel le phénix, survole et renaît sans cesse dans un flux supérieur, l'audace créatrice s'alliant à la virtuosité hypnotique, légère et enlevée, mais diantrement virtuose avec Ortiz, feu d'artifice en crescendo jusqu'à l'explosion finale avec Marais.
De même pour la passacaille agile et galante de Couperin, sublimement révélée sous les doigts de Hantai. De même encore avec ces airs anonymes de Greensleves ou Guaracha, avec lesquelles l'amour de la variation invite à se laisser emporter dans une farandole énonciative ou l'inventivité semble sans limites.
Mais plus encore, c'est le lien sous-jacent permanent avec les danses de cour qui domine et conduit cette esthétique baroque comme avec les Jacaras et Canarios de Sanz, stupéfiantes de vitalité dans l'interprétation de Diaz-Latorre, ou encore les pièces pour violes de Marais, poignantes osées et profondes.
Programme et concert juste sublimes ; un concert maîtrisé brillamment par le quatuor instrumental, et dont le public s'est régalé jusqu'au dernier et énième rappel, jusqu’à la dernière résonance, cette dernière vibration donnée par Savall pour confirmer que parfois une note seule se suffit à elle-même.

Jean-Paul Bottemanne

  Concert Celia Oneto Bensaid Salle Cortot 14 février 2023

Promouvoir, défendre et faire découvrir une œuvre majeure d'une compositrice française trop longtemps passée sous silence était l'objectif honorable recherché par Celia Bensaid au travers de son récital, juste prolongement de son tout dernier enregistrement récemment sorti et entièrement consacré à Marie Jaell et son cycle de seize pièces « D'après ce qu'on entend dans l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis » (cf chronique sur le site). Récital romantique empreint de tragédie vitale centré autour de la compositrice Jaell, dont Liszt aimait à souligner que ses partitions devraient être sur tous les pupitres. Cycle pratiquement donné en entier, habilement paré par intermèdes de cinq pièces de Liszt, en osmose et écho parfait à Jaell. Tout dans l'interprétation de Bensaid respirait l'excellence et l'émotion. Jouant avec nos nerfs durant les quatre pièces démesurées de l'Enfer à l'intensité et la tension sans répit, le poids du glas jamais relâché, ciselant une résonance révélée pour le Purgatoire,et enfin scintillante dans la douceur et l'humilité de son Paradis. Tant de pépites imaginées par Jaell, si moderne dans ses couleurs harmoniques, sa conduite rythmique. Bensaid tout autant superbe avec Liszt, comme durant les espiègleries délicieuses de la Valse N.3 de Mephisto, le lyrisme transcendant des transcriptions pour piano de Lieder de Schubert, et le bruissement de « Un sospiro ». Un concert allant à l'ouverture du coeur. Car Celia Bensaid, par l'intermédiaire de son talent, n'est pas seulement une grande pianiste déjà lauréate de nombreux concours, mais aussi et d'abord une interprète généreuse, sincère et authentique. Artiste que chacun se doit de rencontrer afin de vivre un instant magique.
 

Jean-Paul Bottemanne

  Concert Anna Vinnitskaya Théâtre Champs Elysees 31 janvier 2023
 


Musicienne exceptionnelle, Anna Vinnitskaya est devenue incontestablement une pianiste incontournable de la scène internationale. Encore une fois, elle aura subjugué son public en portant de bout en bout un programme audacieux, exigeant et chatoyant, et avec quel éclat ! Tout dans sa prestation, de sa gestuelle fascinante à sa technique irréprochable, est un enchantement au service de l'émotion naissant de son art et de son talent. Sa générosité ardente et irradiante est d'abord celle d'une artiste fusionnelle à son instrument. Piano dont elle sait tirer et extraire toutes les palettes de nuances, de couleurs, dans la recherche d'un absolu effréné et passionné. Telle cette Valse de Ravel, en clôture de soirée, et sa mise en valeur moirée et contrastée, tout en préservant la touche d'intimité et de rêve. Telle encore la palpitation ininterrompue et forte en relief émanant de sa lecture des impromptus 1, 2 et 3 ou plus encore même la profondeur rare de son opus 66 de Chopin.
La seconde partie, prolongement logique du programme, débute par l'opus 18, Prélude, Fugue et variation de César Franck, dans sa transcription pour piano par Théo Wegman. Avec cette oeuvre ciselée qui se donne sans se donner, dominée par le charme du frisson retenu et contenu de l'énonciation mélodique, l'entrée en matière éclairée de Vinnitskaya dans sa conduite limpide de la partition adressait à l'auditoire un aspect presque liturgique ; Puis, en poursuivant par Scriabine avec sa Valse, op,1, sa Fantaisie, op.28, ses deux poèmes op.32 et surtout sa Sonate n.5, le contraste ne pouvait être que plus saisissant. Car Scriabine est un compositeur à part, hors normes, dont chacune des pages requiert de son interprète une maitrise sans faille. Et dans ce domaine, Vinnitskaya se révèle immense et merveilleuse. À la fois légère comme une plume, espiègle et féline, magicienne et lyrique, battante et frénétique, la pianiste a ici offert une interprétation enlevée et accomplie du compositeur russe, capable d'en faire surgir tout le lyrisme immanent, cela à un degré exceptionnel. Merci et bravo à elle pour ce voyage.


Jean-Paul Bottemanne

2004 : ANNÉE MARC-ANTOINE CHARPENTIER 

JORDI SAVALL ET MARC-ANTOINE CHARPENTIER : une interview exclusive

Notre revue a eu le grand plaisir de demander à Jordi SAVALL quelles étaient ses impressions quant au grand musicien français dont nous fêtons le 300ième anniversaire de sa mort. Avant le concert consacré à CHARPENTIER qu'il donnait cette soirée à Vézelay, il a bien voulu rappeler quelles furent les conditions de sa rencontre avec l'oeuvre du musicien et quels conseils il propose à l'auditeur contemporain pour aborder cette oeuvre délicate...

 

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LEXNEWS : « Comment avez-vous découvert CHARPENTIER dans votre parcours musical ? » 

Jordi SAVALL : « J’ai découvert CHARPENTIER dans la première période de mon parcours où j’étudiais la musique française de Marin MARAIS, François COUPERIN, et bien d’autres encore que je découvrais avec passion à la Bibliothèque Nationale et également à la Bibliothèque de Versailles. C’est avec ce travail de recherche que je me préparais à apprendre à jouer de la viole de gambe et à cette occasion je me suis rapidement rendu compte que CHARPENTIER était l’un des plus grands de cette époque. C’est à cette même époque que j’ai réalisé que autant LULLY, et après lui Marin MARAIS et François COUPERIN, avait pris une place très importante dans la musique d’opéra et la musique instrumentale, autant CHARPENTIER avait vraiment développé avec la musique religieuse un art dans lequel il excellait au dessus de tous. J’ai essayé en premier lieu de m’imprégner de son œuvre. Après quelques années de travail, j’ai pu réunir un bon ensemble de chanteurs avec la Capella Reial  et en 1989 nous avons fondé le Concert des Nations avec lequel nous avons pu réaliser le premier enregistrement de CHARPENTIER. J’essayais alors de choisir des pièces qui montraient le parcours de la vie de Marie mis en musique. C’est ainsi que j’ai pu introduire des pièces dans ce disque qui dataient de ces premières années de recherche. Je dois avouer que c’est toujours un souvenir émouvant que d’évoquer cette période où j’avais réussi à réunir toute l’œuvre complète de CHARPENTIER en microfilms : cela tenait en 4 ou 5 grands rouleaux de microfilms ! C’est ainsi que je pouvais aller d’un livre à l’autre et choisir à loisir toutes les œuvres de ce grand musicien. C’est en plus une musique qui est écrite de manière très claire, la plupart des œuvres que nous avons enregistrées pour ce disque ont d’ailleurs été jouées à partir de l’original sans transcriptions. C’est en effet un de mes meilleurs souvenirs quant au travail sur la musique religieuse baroque de cette époque avec MONTEVERDI ! »

LEXNEWS : « Quel conseil Jordi Savall pourrait il donner à un auditeur contemporain pour écouter CHARPENTIER de nos jours ? »

 

Jordi SAVALL : « Je pense que c’est une musique qui comme toutes les musiques est tributaire de son interprétation. Il y a certes des musiques qui s’avèrent être plus tolérantes quant à leur approche. Elles peuvent supporter des interprétations plus souples sans pour autant les dénaturer. A l’inverse, pour la musique de CHARPENTIER, comme celle de Marin MARAIS d’ailleurs, l’interprétation, le jeu de la viole, la manière de chanter ainsi que tous les autres processus contribuent à la dimension spirituelle de cette musique. Les œuvres de CHARPENTIER comme celles de MONTEVERDI ou celles de Tomas Luis de VICTORIA sont beaucoup plus que de belles compositions ou de beaux contrepoints, il y a toujours un message spirituel très fort et il faut le retrouver. Il faut vraiment dépasser le cadre du concert et considérer ces musiques comme de véritables œuvres vivantes spirituelles. Je pense que c’est ce qui fait que ces musiques sont parfois plus difficiles d’accès à un auditeur si l’interprète n’est pas véritablement habité par cette approche. Je pense que c’est le danger de faire du CHARPENTIER comme on pourrait faire du HAENDEL ou du VIVALDI, ce n’est pas la même chose ! Si des œuvres de CHARPENTIER peuvent apparaître de prime abord comme spectaculaires, ce n’est pas cet aspect qui prime chez ce compositeur… Je pense qu’il est possible de lui appliquer cette phrase de COUPERIN qui disait : « J’aime mieux ce qui me touche que ce qui me surprend » ! CHARPENTIER offre toujours une musique pleine de grâce, de finesse, de contrepoint, d’harmonies très recherchées ainsi qu’un travail sur les voix, sur la conception même de l’œuvre.

Les œuvres de CHARPENTIER ont un peu souffert d’autres répertoires plus populaires. A l’époque le prestige qu’avait LULLY grâce à ses privilèges éclipsait les autres musiciens de faire connaître leur art. Il ne faut surtout pas considérer l’œuvre de CHARPENTIER sous cet angle car il n’est pas un musicien de cour. Son œuvre religieuse est d’une grande pureté inspirée notamment par l’Italie avec le travail réalisé avec CARISSIMI. Pour moi, c’est un  peu le PURCELL français avec qui il partage sa dimension créatrice, sa maîtrise du contrepoint et  son goût pour la recherche d’harmonies très hardies.

Il me semble que le meilleur conseil que je puisse donner à un auditeur contemporain c’est de prendre son temps pour découvrir tout cela. Il faut se laisser porter par la musique et essayer d’entrer dans cette dimension spirituelle et esthétique de l’œuvre de CHARPENTIER. »              

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